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L'homme véritable

27/12/2020


L'homme s'est toujours demandé, avec autant d'angoisse qu'aujourd'hui, en présence des menaces qui l'assaillent de toutes parts, « Où donc allons-nous ? Qu'allons-nous donc devenir ? ».

Car, manifestement, tout s'écroule autour de nous. Tous les principes qui, jusqu'ici, servaient de base à notre civilisation occidentale, s'effondrent les uns après les autres. Les traditions les plus respectables, celles de la famille, celles de la cité, celles de la patrie, celles de l'humanité, sont moquées, bafouées, vilipendées !

L'autorité, condition indispensable de toute vie sociale organisée, est partout audacieusement tenue en échec.  

Partout s'affiche l'impudente prétention de s'imposer soi-même à autrui, sans égard aux préceptes les plus élémentaires de la charité, sinon de la simple équité. Et partout aussi les déchaînements de la haine, les appétits brutaux cyniquement étalés, l'aveu bestial que seules, désormais, sont appréciées les concupiscences de la matière !

Or, cette méconnaissance flagrante de leurs devoirs essentiels par les collectivités humaines résulte, à n'en pas douter, de ce que les hommes, pris individuellement, ont oublié, chacun en ce qui le concerne, l'impérieuse nécessité de satisfaire aux obligations qu'exige la dignité humaine.

La loi divine est violée le plus souvent par nos frères les hommes, parce que, la transgressant, ils ne savent vraiment pas ce qu'ils font. Ils le sauraient, ils le comprendraient, s'ils savaient ce qu'ils sont en vérité, c'est-à-dire ce qu'est : « l'Homme Véritable » !

L'homme est une étincelle spirituelle, issue de l'inconcevable divin, qui doit parvenir, au terme d'une prodigieuse évolution, à réaliser une parfaite soi-conscience dans tous les plans de l'Univers ! Il dispose, pour atteindre à ce but sublime, d'un ensemble de vêtements ou corps, qui peuvent être ramenés à trois (bien qu'ils soient sept en réalité). Ce sont les véhicules physique, astral (ou du désir), et mental (ou de la pensée).

Cette triple enveloppe de l'Esprit paraît coïncider avec la surface du corps physique. Effectivement, les deux corps supérieurs interpénètrent intimement les cellules de notre organisme physique, mais la vision clairvoyante permet de distinguer, par leurs formes et leurs couleurs propres, les diverses auras qui marquent à l'extérieur la limite périphérique atteinte par les corps astral et mental.

L'Homme Véritable, l'Ego pensant et libre, peut et doit, s'il veut se conformer aux Lois universelles, expression de la volonté divine, se servir de ses divers véhicules en vue de son enrichissement spirituel et ne jamais par conséquent, se laisser asservir par eux.

La tâche ainsi envisagée n'est pas aisée. Chacun de ces véhicules, mis à la disposition de l'Ego, tend naturellement à vivre d'une vie non seulement indépendante, mais aussi tyrannique à l'égard des autres et à l'égard de l'Esprit. Celui-ci doit lutter sans cesse pour imposer sa loi à des serviteurs toujours prêts à l'insubordination, et qu'il faut contraindre à collaborer harmonieusement pour le succès final de l'Œuvre divine en nous. Cette tâche paraîtra plus facile si nous nous souvenons du rôle imparti, par sa nature même, à chacun de nos véhicules.

Appelé, au stade actuel de l'évolution, à agir sur le plan physique, l'Ego utilise un corps matériel qui le met en relation avec le monde extérieur par ses organes sensuels. Afin que les connaissances ainsi obtenues soient les plus nombreuses et les plus variées, l'Ego doit veiller sans cesse (comme un bon cavalier fait de sa monture) à ce que son corps physique reçoive une alimentation saine et pratique une hygiène susceptible de leur conserver le plus longtemps possible le maximum de vigueur et d'élasticité.

Le corps astral (ou du désir) a pour objet de rapporter à l'Ego les impressions captées par les organes sensuels, et de les transmuer en sensation agréable ou pénible. Il est aussi le véhicule et le milieu où naissent les émotions et les sentiments. Moins développé, au point de la courbe évolutive où nous sommes, que le corps physique, il sera, à une époque prodigieusement éloignée, le véhicule le plus inférieur de l'Ego, et nous permettra alors de rapporter à notre Esprit, en pleine conscience, les impressions du monde astral où nous vivrons, et dont il ne nous est pas possible d'entrevoir toute la fabuleuse richesse.

Notre corps astral se « nourrit » de nos sensations et de nos sentiments, comme le corps physique se nourrit de l'alimentation tirée du monde physique ambiant. La « santé » de notre corps astral dépend, en conséquence, de la « qualité » bonne ou mauvaise des sensations et émotions que l'Ego est susceptible de lui fournir ou d'accepter. Si nous voulons nous conformer à la Loi divine, nous veillerons avec un soin minutieux à la qualité des impressions, des sentiments et des émotions qui sont, répétons-le, la nourriture de l'âme, du corps astral.

Il en est de même, enfin, pour le corps mental, ou corps de nos pensées. Embryonnaire chez la plupart des hommes, mais appelé au plus merveilleux épanouissement, il a pour fonction d'élaborer sur les données transmises par le corps astral, les pensées concrètes permettant la compréhension, l'intelligence rationnelle des phénomènes du monde sensible.

En association avec les réactions affectives du corps du désir, il peut se nourrir de pensées ou idées vraies ou fausses, bonnes ou mauvaises, resplendissantes ou hideuses, selon l'usage que l'Ego veut faire de ce magnifique instrument !

On acceptera plus aisément la nécessité de maitriser les corps astral et mental si l'on sait (et cette notion surprend toujours un peu les profanes) que les émotions et les pensées sont, au sens plein du terme, de véritables êtres vivants dont l'existence, après leur création en nous et par nous, se poursuit indépendantes dans les régions correspondantes des plans astral et mental. Elles y agissent en conformité des lois universelles d'attraction et de répulsion, s'agrégeant à leurs semblables (d'où leurs fréquences) entrant en lutte féroce avec leurs opposants. Leurs effets continuent donc d'influencer les êtres et les choses des plans invisibles et aussi les véhicules invisibles qui sont en nous les instruments de l'Ego.

N'oublions donc jamais qu'un bon sentiment, une bonne pensée continuent longtemps leur action bienfaisante (d'où efficacité des prières ferventes) ; mais songeons aussi sans cesse aux responsabilités que nous encourons, du fait de mauvais sentiments et de mauvaises pensées.

Telles sont schématiquement présentées, les notions élémentaires qui se rapportent à l'Homme Véritable, et dont la connaissance doit être utilisée pour notre perfectionnement individuel. 

Plus grand sera le nombre de ceux qui les accepteront sincèrement, plus grandes deviendront les chances d'une rénovation générale de notre pauvre humanité.

Source : Les cahiers de la fraternité polaire - mars-avril 1938